Sylvie D. représentera Familles rurales le 14 juillet à Paris

8 juillet 2020
« Ce qui me plait dans le métier d'aide à domicile, c'est le partage et les échanges que nous avons avec les usagers. »
INVITÉE PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ! : IL Y A QUELQUES SEMAINES, FAMILLES RURALES FÉDÉRATION DU LOIRET A ÉTÉ SOLLICITÉE PAR LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL POUR DESIGNER UN REPRÉSENTANT DES AIDES À DOMICILE POUR LA COMMÉMORATION DE LA FÊTE NATIONALE DU 14 JUILLET, PLACE DE LA CONCORDE À PARIS. C’EST SYLVIE D. QUI AURA L’HONNEUR DE REPRÉSENTER SES COLLÈGUES LORS DE LA CÉRÉMONIE OFFICIELLE DANS LA TRIBUNE PRÉSIDENTIELLE. L’OCCASION DE REVENIR AVEC ELLE SUR SON PARCOURS, SON QUOTIDIEN DE PROFESSIONNELLE DU SERVICE À LA PERSONNE, EN PREMIÈRE LIGNE DURANT LE CONFINEMENT, ET LA FAÇON DONT ELLE ANTICIPE SA VISITE À PARIS.

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Bio express

2007 : Obtention du Diplôme d'Etat d'Auxiliaire de Vie Sociale (DEAVS) à Olivet
2007 : Entrée à Familles rurales Loiret et rapide montée en responsabilités avec l’accompagnement des stagiaires
2011 : Première élection au Comité d’Entreprise (Sylvie en est aujourd’hui la Secrétaire)
Depuis 2014 : Animatrice des ateliers Mieux vieillir ensemble, pour les personnes âgées. « La spécificité de Familles Rurales : nous allons chercher les personnes à domicile, organisons une animation pendant 2 heures et les ramenons chez elles. Un pur bonheur plein de rires et d'émotions malgré l'énergie que cela demande ! »
2015 : « L'observation du manque de formation autour de moi me motive pour devenir formatrice ; je suis convaincue que la formation nous permet de mieux exercer et d'appréhender toutes les facettes de ce métier. Ça n'a pas été facile, mais grâce au soutien de Familles Rurales, j'ai intégré in extremis une formation de Formateur pour adultes. Aujourd'hui, j'exerce mes 2 métiers complémentaires et espère continuer le plus longtemps possible. »
Depuis 2019 : Déléguée syndicale CFDT
Formatrice Familles rurales Centre Val de Loire auprès des Aides à domicile

« Quand M. Nigron m'a annoncé que mon nom avait été donné pour la cérémonie du 14 juillet à Paris, je me suis d'abord demandé si c'était réel.
En moins d'une heure, je reçois le mail de la préfecture, et finalement, l'invitation officielle ! La première chose qui m'a frappée, c'est la réaction des personnes à qui je l'annonce. Quand M. Nigron m'en a parlé, j'étais fière car je l'ai pris comme une reconnaissance de mon travail puis quand des doutes sont apparus, ce sont le peu de personnes à qui j'en ai parlé qui m'ont expliqué que c'est une reconnaissance et une marque de confiance professionnelle.

J'ai répondu positivement à l'invitation du Président de la République et de Madame Macron ; je vais y aller en uniforme (blouse Familles Rurales) car j'espère être à la hauteur et pouvoir, je ne sais pas encore comment, parler des difficultés de ce métier sans reconnaissance, du manque de moyens, du besoin de plus de professionnalisation. Je ne compte pas faire le clown pour me faire voir par les médias. Je vais à Paris non pas en tant qu'Auxiliaire de Vie Sociale mais en tant que simple Aide à domicile : nous avons toutes subi [la crise du Covid-19] d'une façon ou d'une autre, que ce soit par la proximité physique ou la quantité d'heure travaillées. »

Quand on lui demande ce qui lui plaît le plus dans son métier, Sylvie s’anime :
« Ce qui me plaît dans le métier d'Aide à domicile, c'est le partage et les échanges que nous avons avec les usagers. Il n'y a pas forcément de routine car chaque maison est différente. Bien sûr, il y a des exceptions mais en général, les usagers nous attendent, nous reçoivent avec le sourire. Nous entrons dans leur intimité dans tous les sens du terme, ils nous apprécient et même s'il est vrai que nous sommes encore pour beaucoup des "femmes de ménage", ils comptent sur nous. Je m'amuse à leur répondre que j'accompagne aussi pour le ménage du corps. Notre métier repose sur la stimulation de la personne et en nous fixant des objectifs, quel plaisir quand nous les atteignons !
Nous sommes malheureusement aussi confrontés au départ des personnes, ce n'est pas facile de voir son prénom dans les remerciements de la page des obsèques mais c'est aussi une reconnaissance car nous avons accompagné cette famille jusqu'au bout. Là encore, nous avons un rôle important que l'extérieur ne comprend pas forcément. »

La crise sanitaire de ce printemps et le confinement ont bien-sûr bouleversé le quotidien de Sylvie et de ses collègues :
« Je suis auxiliaire de vie ; je vais au travail sans me poser de questions, sans réfléchir, sans hésitations, je suis au front et me bats avec mes petits moyens. [Durant le confinement] je me suis proposée pour dépanner sur mes créneaux disponibles, sans compter les heures. Mais cela n’a pas empêché un état psychologique compliqué avec des passages de peur (car des proches et des connaissances ont été considérés à risque, y compris sous mon toit) ; de colère pour ce manque de prise en considération et le non-respect de certaines personnes qui nous ont mis en danger en ne respectant pas le confinement ; de fierté de pouvoir démontrer que ce métier qui a mauvaise réputation est pourtant essentiel pour tout le monde et riche, et de doutes sur l’avenir. De culpabilité aussi, car si un usager attrape le virus et doit être confronté à des complications, je me poserai toujours la question « est-ce moi qui ai fait une erreur ? ».

J'ai culpabilisé de ne pas pouvoir faire plus. Avec les collègues, nous nous sommes soutenues, certaines voulaient travailler malgré le fait qu'elles soient à risque car elles se sentaient inutiles, d'autres ont travaillé comme des folles au risque de l'usure. 
Certains usagers ont frôlé la dépression, ils nous trouvent « courageuses » dans la majorité des cas. Certains ne comprenaient pas que nous continuions à travailler alors que d'autres avaient suspendu certaines interventions. En tant que déléguée, je savais que Familles Rurales agissait pour améliorer nos conditions, se battait avec d'autre associations pour une reconnaissance mais cela ne se sentait pas sur le terrain !
Puis, nous avons pu à nouveau aller faire des courses, sortir [avec les usagers] : ils acceptent de mettre le masque, de laver les mains au gel et comprennent qu'il nous faut un peu de temps pour nettoyer la voiture. »

Et de conclure :
« Cette crise n'a pas changé ma vision du métier. Au contraire, elle donne encore plus d'importance à notre rôle auprès des personnes en perte d'autonomie ! Mais c’est un métier précaire ; je pense à toutes mes collègues qui sont pour la plupart seules avec des enfants dans des situations organisationnelles et financières compliquées.
Je voudrais d’ailleurs profiter de ce témoignage pour remercier des personnes qui ont permis que j'en sois là aujourd'hui. »

 

Dernière minute : Sylvie vient de recevoir une invitation du Ministre de la Santé, Monsieur Olivier Véran, à un cocktail dinatoire au Grand Palais le 13 juillet au soir. Ce sera une opportunité de faire remonter les réalités de terrain aux autorités sanitaires et peut-être au ministre lui-même !